Voici quelques réactions, questions et réponses suscitées par mon précédent article sur la préparation physique des boxeurs:
“Absolument d’accord avec vous, je pense même que le travail avec le poids de corps est plus bénéfique que la plupart des machines qui envahissent le commerce. Depuis l’éducatif aux enfants ” c’est la mise en situation directe ” qui doit se faire, alors que les adultes passent plus de temps en dehors des situations “sans gants”, sans duel d’opposition, donc sans l’incertitude et la lecture de l’autre. Les séances sont souvent stéréotypées. Vu le regard, la démarche, l’arrivée en salle du boxeur on doit être capable de détecter en fonction de son “état psychologique” de l’instant, si la séance programmée pour ce jour sera efficace, donc bénéfique pour le boxeur, sinon il faut revenir en arrière et reprogrammer son travail afin qu’ il reste positif…et reste un plaisir pour l’entraîné.”
Ma réponse: Je suis tout à fait d’accord, mais j’ai remarqué trop souvent qu’il n’y a pas de réelles programmations de séances et dans les contenus, juste de l’improvisation basée sur l’expérience (mais ce n’est pas toujours négatif) et sur le feeling du moment (discutable car quand un boulot doit être fait il faut qu’il soit fait). Il faut de la discipline de la part de l’encadrement et des boxeurs.
“j’ai vu au creps que l’on formait des boxeurs thai à l’électro-stimulation. Les sois-disant préparateurs physiques disaient que cela améliorait les performances athlétiques des combattants et préféraient ce type d’entrainement, au travail sur sac de frappes, pao sparring… et autres exercices spécifiques. Etrange comportement!”
Ma réponse: étonnant effectivement, en fait ils doivent tester pour voir si ça va marcher, ils ont besoin de cobayes! L’électro-stimulation peut être un outil intéressant parfois mais les protocoles doivent intégrés du travail spécifique pour espérer du transfert, sinon ça ne marchera pas. Pour qu’un mouvement (explosif) soit efficace il faut entraîner le système nerveux (connexions neuro-musculaires), or l’électro-stimulation court-circuite celui-ci.
“Passer 70% de son temps à l’entraînement à travailler de l’endurance cardio ou musculaire n’est sans doute pas le meilleur investissement que vous pouvez faire”… “Alors j’aimerais demander quelques explications car en arriver à dire cela alors que la plupart des entraineurs disent que l’entraînement endurance cardio est une nécessité !!! Pourrais-tu aller plus loin dans ton explication stp Dominique ? Merci d’avance de nous éclairer un peu plus”.
Ma réponse: je n’ai jamais dit que l’entrainement cardio n’était pas une nécessité. Je précise donc: en séance de prépa physique trop travailler l’endurance cardiovasculaire à des intensités sous maximales n’est pas productif pour un combattant dans la mesure où ce n’est pas assez spécifique. L’adaptation physiologique qui est généralement rapide (c’est facile de développer cette forme d’endurance) va nuire aux capacités qu’un boxeur a besoin (endurance haute intensité sur 3mn avec capacité à répéter de multiple séquences explosives). Cette endurance englobe les différentes filières énergétiques. Donc l’endurance doit être développée stratégiquement à des intensités élevées et en préparation physique on va utiliser de multiples formes d‘interval training. A noter que ce n’est pas seulement de la course, on peut y intégrer des exercices musculaires sous forme de circuits. Mais pour la plupart des boxeurs cette endurance spécifique doit surtout être développé spécifiquement, c’est à dire en boxe, à moins de pouvoir établir des programmes d’entrainement à plein temps. Le cardio à intensité moyenne est valable pour la récupération active entre les séances haute intensité. Sur le plan musculaire je suis encore plus intransigeant: en dehors de la boxe (où il y a toujours un gros travail d’endurance musculaire) travailler léger en musculation ne sert qu’à saboter les capacités de vitesse et d’explosivité. En fait je pense que quasiment personne ne fait ce qu’il faudrait faire. Je voudrais aussi ajouter que ce que disent la plupart des entraîneurs n’est pas forcément la référence, en fait quand j’entraîne un boxeur j’ai tendance à faire le contraire de ce que préconise la majorité d’entre-eux…
“Ok Dominique je comprends oui ! Quand tu dis que travailler léger en musculation ne sert qu’à saboter les capacités de vitesse et d’explosivité, que conseilles tu alors ?”
Ma réponse: Difficile de rentrer dans les détails ici mais voici les quelques conseils que je peux donner: la musculation doit développer la force, or on ne développe pas (ou peu) la force avec des charges légères. Il faut donc travailler lourd (relatif à son poids de corps et ses capacités). La plupart des boxeurs ne vont guère plus loin que ce que leurs propres aptitudes (génétique) leur permet, il y a donc généralement un “plateau” vite atteint pour la force et on ne progresse plus. A mon avis il vaut mieux ne pas faire de musculation que de suivre des programmes qui finissent pas faire régresser: non progression en force + progression en endurance musculaire = perte de vitesse et de puissance explosive. Il faut donc équilibrer ce qui est toujours le challenge de tout programme d’entraînement. Le boxeur qui ne veut pas (ou ne sait pas) comment travailler “lourd” devrait plus se concentrer sur du travail de puissance au sac de frappe, ce sera plus rentable.
“Mais si tu travailles lourds, tu vas perdre ta vitesse et ton élasticité musculaire, donc tu seras moins souple et moins agile !!?”
Réponse: Le travail de force doit être stratégique et intégré à d’autres entraînements pour développer toutes les capacités nécessaires. Un vrai travail de force ne fait JAMAIS perdre de la vitesse, au contraire, rien à voir avec la musculation de type bodybuilding qui est surtout métabolique. Ensuite il est judicieux d’ajouter des exercices de stretching dynamique et des exercices poids du corps style gymnique pour développer en même temps souplesse et agilité.
“Si j’ai bien compris, en matière de musculation pour un boxeur ou pratiquants de sports pieds poings, tu préconiserais plus un travail de type power. Privilégier la Résistance et la force.”
Réponse: Tout à fait, il faut aller à l’essentiel. Ceux qui travaillent léger en musculation ne comprennent pas ce qu’ils font…sauf si ils sont spécialisés en shadow boxing!
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